Compte rendu de la conférence avec Martin Gibert
2 janvier 2016Conférence du 8 décembre 2015
Voir son steak comme un animal mort, Martin Gibert
Organisée par le CRPEA et Sentience Rennes – Environ 200 personnes présentes
La psychologie morale étudie la manière dont nous nous formons des jugements moraux. C’est dans ce domaine que Martin Gibert s’intéresse à la question animale et aux jugements éthiques et moraux que les humains portent sur les autres animaux.
Dans un premier temps il s’est agi de rappeler que le fait de manger des animaux constitue en soi un paradoxe moral : personne ne veut faire de mal aux animaux et le consensus général veut qu’ils soient bien traités, pourtant, nous continuons à les manger malgré les souffrances engendrées. C’est le paradoxe de la viande. Ce paradoxe moral, que l’on appelle dissonance cognitive, est résolu moralement soit par une modification du comportement, soit par une modification de la pensée, soit par le recours à des pensées consonantes.
Ces pensées consonantes, ce sont les arguments carnistes (c’est naturel, on en a besoin pour vivre, discrédit des personnes qui ne mangent pas les animaux, on ne peut pas avoir d’empathie pour tout le monde…..). Ces arguments ne sont pas valables d’un point de vue éthique et moral, car la vie d’un individu pèsera toujours plus que le confort alimentaire d’un autre. Ce sont des arguments qui répondent à une logique défensive, visant à réduire la dissonance, et pas à une logique morale.
L’argument environnemental a aussi été développé. Dans la même logique, nous sommes tous d’accord pour dire qu’il faut faire notre possible pour réduire notre impact sur la planète. Nous savons que l’élevage et l’abattage des animaux est la première cause de pollution mondiale. Nous devrions donc arrêter de manger les animaux.
Enfin, Martin Gibert a rappelé la notion de sentience, et ses implications morales. Les humains et les autres animaux possèdent les mêmes substrats neurologiques permettant la conscience.
Plusieurs courants antispécistes (contre la discrimination basée sur le critère d’appartenance d’espèce) existent, notamment l’utilitarisme de Singer, et la théorie du droit de Francione. Ce dernier est un courant abolitionniste : on pourrait mettre fin à l’exploitation animale en accordant un seul droit aux animaux non humains : le droit à ne pas être traités comme des marchandises.
L’écoféminisme, qui lutte contre les systèmes oppressifs dans leur globalité, inclut toutes les formes de discriminations. Pattrice Jones, place le spécisme à la base de toutes les discriminations et promeut la cohérence dans le respect et la justice.
Pour aller plus loin :
L’ouvrage de Martin Gibert, Voir son steak comme un animal mort, 2015 disponible sur le site de Martin Gibert : http://martingibert.com/